Les spectacles
Appelé d'urgence au chevet de sa mère mourrante, Wahab traverse seul la ville froide, en proie à ses peurs, ses rêves et à une colère irrépressible. D'un seul souffle, Wajdi Mouawad se saisit de ses thèmes de prédilection – les liens du sang, la guerre, la métamorphose – pour délivrer une confession tempétueuse, intime, humaine. Sans jamais être moralisateur, il réussit le pari difficile de nous toucher au plus profond de nos entrailles par un texte viscéral, libérateur, qui touche au cœur, et au corps et qui résonne si fort avec les problématiques terroristes, migratoires et identitaires actuelles que son enjeu éclaire notre temps de la plus limpide des manières...
Daniel Fazan, seul en scène, enfin ! L’homme de radio se dévoile tout entier sur les planches. La voix bien connue de la RTS est cette fois accompagnée de son corps vieillissant, nous contant ses déboires d’homme arrivé à l’automne de sa vie. De la poésie drôle et acide pour petits et grands enfants. Les mots font mouche, Fazan les manie avec facétie et nous fait hurler de rire et de tendresse. Fazan encore tout vert, mais cuit à point. Fazan dit par Fazan. Il est grand temps.
Le prince, personnage principal, devient metteur en scène de la vie de Cendrillon. Il cherche à sauver un destin. Selon la méthode de thérapie des « constellations familiales », seront rejoués chaque soir les différents psychodrames de Cendrillon. Décès de la mère, absence du père, rejet, humiliation… Corps et figures incarneront tous les personnages qui, comme des étoiles dans le ciel, formeront des « constellations » et, qui sait, résoudront peut-être le conflit. Se pose la question des liens invisibles entre morts et vivants, ancêtres et descendants. La vie nous « constelle », comme une force qui sous-tend toutes relations...
« En travaillant dans des théâtres, salles, etc..., j'ai remarqué que le lieu influence beaucoup la création. Il y a des facteurs physiques, mais il y en a d'autres, plus subtils. » Géobiologue et metteur en scène, Laurent Gachoud part sonder les théâtres Sévelin 36, 2.21, Vidy et Arsenic en une série de cérémonies performatives. Il invite le public à l’accompagner pour débusquer mauvais esprits et réseaux telluriques nocifs. Quatre performances dont dépend, cela ne fait aucun doute, le futur de la scène locale.
L’écrivain martelé par les questions inquisitrices d’une présence mystérieuse. L’interrogatoire est une tentative de montrer l’homme derrière l’écrivain, l’être avant l’homme public, dans un souci de sincérité et de réalisme, fIdèle à la nature de ce dialogue virtuose teinté d’étrangeté.
Inspiré par le style musical du même nom, Adagio est composé de huit « dramolettes» autour de la mort sur le ton de la tragi-comédie. Chacune est une fenêtre sur un instant de vie, un moment de paroxysme d’existence frisant l’absurdité. Huit lieux sont représentés et 26 personnages sont interprétés par deux couples de comédiens. On rit de bon coeur parfois, on rit jaune souvent, on sourit toujours des travers dans lesquels on se reconnaît !
A la fois tendre, poétique, visuel, mais surtout drôle, « Courir les rues » est un spectacle qui ne court pas les rues. Laissez-vous emporter vers un voyage intérieur, un périple au centre de la ville, une échographie de ses poumons, une mammographie de son sein, une endoscopie de son côlon. Si la jolie guide, au lieu d’évoquer l’historique d’une statue célèbre, vous fait un laïus sur les fientes des pigeons qui la recouvrent, lâchez prise ! Vous êtes alors parvenus au cœur des banalités qui font l’originalité de cette œuvre.